L'orgue Cavaillé-Coll Notre Dame de la Croix Paris
Le grand orgue a été construit en 1872-73. Il
est l'oeuvre du facteur Aristide Cavaillé-Coll,
certainement l'organier le plus célèbre de
toute l'histoire de l'orgue. Le buffet est
l'oeuvre de Louis-Jean-Antoine Héret,
architecte de l'édifice. L'orgue fut inauguré le
17 décembre 1874 par Louis Lebel.
Lors de sa construction, Cavaillé-Coll a
immédiatement été confronté à un
problème de taille lors de l'élaboration des
plans, à savoir la rosace, et, au centre de la
tribune, le passage des cloches. C'est par là
que ce faisait le tirage de la mécanique des
cloches et qu'on les faisait éventuellement
descendre en cas de réparations. Pour la
rosace, il lui avait été stipulé qu'elle ne
devait en aucun cas être cachée. C'était
surtout la Croix, au centre du vitrail, qui ne
devait pas être masquée. Du parvis à la
pointe du clocher, on compte neuf croix,
chiffre symbolique, et il était évidemment
impossible d'en masquer une seule.
Il fut donc contraint de faire un buffet en
deux parties, laissant tout le centre de la
tribune libre et la rosace dégagée. On peut
trouver d'autres exemples de ce type
d'orgues en buffets séparés mais le
problème a aussi été le passage des cloches,
empêchant de construire une mécanique
directe, partant de la console qui devait à
l'origine se trouver en plein centre de la
tribune. La mécanique serait donc partie de
façon directe vers les deux buffets.
Le devis d'origine prévoyait un orgue à trois
claviers, composé d'un récit expressif, d'un
clavier de grand orgue et un positif
expressif, avec bien entendu la pédale.
La console a bien été installée,
curieusement tournée dos à la nef avec ses
trois claviers, tous les tirants de registres, le
buffet monté. Mais, après l'installation des
deux premiers plans sonores, à savoir le
récit et le grand orgue, Cavaillé-Coll s'est
rendu compte qu'il serait impossible de
construire la mécanique du positif. Elle est
située dos à la nef, juste derrière le cadran
de l'horloge.
Le premier clavier, qui devait être celui de
positif, a été transformé en clavier
d'accouplement permanent, c'est-à-dire qu'il
tire en même temps le récit et le grand
orgue. C'est le clavier le plus dur. Mais avec
les derniers travaux, les claviers sont
devenus tout à fait jouables, le grand-orgue
et le récit étant même confortables.
En effet, de part la configuration forcée de la
mécanique, par ce fameux passage de
cloches, il avait été obligé de construire une
mécanique déviée, avec les équerres de
renvoi fichées dans le plancher. C'était déjà
absolument injouable pour l'organiste avec
la mécanique de deux claviers. Alors, en
ajouter un troisième...
On ne sait pas exactement pourquoi la
construction de cet orgue s'est arrêtée. Ce
dont on est sûr, c'est qu'il était prévu pour
quatre plans sonores, pédalier compris, et
qu'il n'y en a que trois, alors que tout était
prévu et qu'aujourd'hui encore, il est
entièrement configuré pour quatre plans. Le
clavier du positif est là, les tirants de jeux
aussi et les passages de la mécanique ainsi
que l'emplacement des sommiers dans le
buffet.
Même avec ce problème, il lui aurait été
facile de rajouter une seconde machine
Barker qui aurait fait fonctionner en même
temps la mécanique du récit et du positif. Il
ne l'a pas fait, peut-être parce qu'on ne lui a
pas accordé de budget supplémentaire.
Mon avis est plutôt qu'il s'est rendu compte
que quoi qu'on fasse, cette mécanique était
ratée, qu'il aurait été encore pire d'y ajouter
quoi que ce soit.
En 1912, Charles Mutin effectue un relevage
de l'orgue et augmente les pressions de
l'orgue. En 1922, un relevage partiel par
Fernand Prince. En septembre 1955, Erwin
Müller effectue des travaux et modifie deux
jeux: l'octave 4 du grand-orgue devient une
quinte 2 2/3; la progression harmonique du
plein jeu de grand-orgue III à VI rangs
devient un plein jeu à reprise de III à IV
rangs (C = 1 1/3, c = 2, c' = 2 2/3, c'' = 4).
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Histoire (1)